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Esther Phillips : Cris et chuchotements.

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  Un soir de mars 1982 au Fat Tuesday's de New York «   Madame Phillips a pris le micro et a commencé à chanter. Sa voix granuleuse possédait encore la richesse et l'émotion qui caractérisaient ses premiers enregistrements du début des années 1950 sous le nom de Little Esther. Peu lui importait que le club ait été vide jusqu'à tard dans la soirée »  . 1     Cette voix qui offrait quelques-uns de ses derniers échos dans un club de jazz dépeuplé fut celle d' Esther Phillips. Née en décembre 1935 à Galveston, localité texane où virent également le jour Jack Johnson et Barry White, son enfance fut bercée par la voix de Dinah Washington et des premiers pas dans l'église pentecôtiste du coin. C'est en ce lieu que son talent devait progressivement s'imposer aux siens et pousser sa sœur à l'inscrire en 1949 à un concours qui se tenait dans un club de jazz de Los Angeles. Emmitouflée dans des vêtements qui devaient cacher son trop jeune âge et lui permet

Lightnin' Hopkins. "A Man Like Me Is Hard To Find"

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  Lightnin' Hopkins.   "A Man Like Me Is Hard To Find" "Les gens ont appris à taper sur une guitare, mais sans âme. ils sont incapables de faire naître une quelconque émotion. Je me suis pourtant tué à leur montrer comment faire !", se lamentait Lightnin' Hopkins en 1968. L'homme dont le regard semble avoir toujours été retranché derrière une paire de lunettes et ombragé par un chapeau, est communément considéré comme le dernier grand représentant du blues rural. Mais il fut bien plus que cela... "Cotton Field Blues" L'histoire commence à Centerville, localité texane, où Sam Hopkins voit le jour en 1912. Quatrième enfant d'une famille de métayers et orphelin de père dès l'âge de trois ans, il quitte rapidement les bancs de l'école pour rejoindre les champs de coton où s'affairent déjà ses trois frères. Cette expérience marquera durablement le chanteur qui, à l'instar de nombreux autres bluesmen , n'

Introduction de Chafik Sayari à son livre : Une histoire politique du ring noir

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    Le persistant fantôme de l’Espoir blanc.    Le 24 mars 1975, Sylvester Stallone, qui n’est alors qu’un inconnu, assiste au combat qui oppose Muhammad Ali à Chuck Wepner. Ce jour-là, en dépit de toutes les prévisions, Wepner résiste d’une manière si remarquable qu’il contraint le champion du monde à batailler jusqu’à l’ultime round pour remporter la décision. Pour le jeune Stallone, qui fut profondément secoué par le spectacle, il importait peu que David n’ait pu mettre Goliath à terre car, malgré les innombrables coups reçus et un visage devenu peu à peu méconnaissable, Chuck Wepner lui apparut comme le « gladiateur du 20 e  siècle. Une métamorphose de la vie 1  ».    Encore sous le choc du spectacle auquel il venait d’assister, Stallone se mit aussitôt en tête d’écrire un scénario qui donna lieu, l’année suivante, au premier épisode de la saga Rocky . Réalisée par John G. Avildsen, cette œuvre narre l’existence de Rocky Balboa, un boxeur qui semble condamné à écume